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Gertrude et Agathe

3 hommes vêtus de longs manteaux noirs reluquaient 2 mamies qui n’en avaient que faire d’eux. Ils se tenaient alignés au bord du trottoir, donnant l’impression de sortir d’un roman facile sur la mafia calabraise. Tout compte fait, non. En regardant de près, on pouvait voir que les 3 manteaux étaient identiques, certainement achetés dans un « low cost ». Des mafieux, eux ? N’importe quoi ! Plutôt des comiques, oui, jouant les gros bras dans la rue.

Les 2 mamies, elles, marchaient lentement. Sans âge, bien confortables et pas élégantes du tout. Elles portaient un carton. On y lisait « bananes de la Havane ». Des figures incontournables dans le quartier. Elles tenaient ensemble une boutique avec une devanture vert délavé. Au-dessus, quelqu’un avait peint en noir « Chez Gertrude et Agathe, tout à 2 euros ou un peu plus » !

Une institution. Un lieu de passage et de tchatches sans fin, du style :

- Oh là là, vous avez vu Monsieur Viendu. Il a encore forci. Il n’arrive sûrement plus à lacer ses chaussures

- Et puis le gamin de la pharmacienne, Antoine. Le pauvre, il est inconsolable depuis que son cochon d’inde est mort

- Et Eloïse, l’étudiante qui travaille à la poste pendant la nuit. Elle vient encore de changer de copain. Ce gars-là, il a vraiment l’air de rien

Revenons-en à Gertrude et Agathe et leur carton. Elles arrivent gentiment à la hauteur des 3 hommes aux longs manteaux noirs.

- Dites-donc les mamies, vous faites prendre l’air à un carton vide ?

Elles répondirent d’une voix :

- Mais non bande d’idiots, on va chez Antoine, le p’tit gars de la pharmacienne, pour lui sécher ses larmes

Elles ouvrirent le carton : un petit lapin était tapi au fond, complètement apeuré.

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